Forum d'écriture chaleureux et convivial. (Comme le Mordor.) |
| | Texte à la seconde personne | |
| Auteur | Message |
---|
Athos
Majici1 dé flam
Age : 27 Messages : 242 Localisation : Rennes (des neiges mdr) Date d'inscription : 10/04/2017
| Sujet: Texte à la seconde personne Sam 15 Avr - 12:41 | |
| Texte à la seconde personne Yo ! On va faire revenir cette section d'entre les morts (ouais, j'ai un côté nécromancien) et se lancer dans l'atelier d'écriture à la seconde personne *cris d'enfants joyeux* L'écriture à la seconde personne (du pluriel ou du singulier, c'est votre problème, pas le mien) n'est pratiquement jamais utilisée ! (J'ai essayé un truc une fois, c'était pourri. Voilà.) Donc l'idée, ici, c'est de voir ce que ça donne si on écrit un petit passage. Je regrouperais tous les textes dans ce post, soyez choupis et postez moi tout ça sous spoilers <3 Allez ! A vos plumes ! Consignes• Thème : / • Enjeu : Rédiger un court passage à la seconde personne (pluriel ou singulier) • Format : Libre sauf poésie ou théâtre • Taille : Je vais pas vous donner de limite de mots, mais essayez de faire quelque chose de suffisamment conséquent pour qu'on puisse avoir une vue d'ensemble mais de pas trop massif quand même ! - Athos:
On prend les mêmes et on recommence... C'est ça ? Te voici, une fois de plus cloitré dans des WC publics, ceux qui sont vers l'hôtel de ville. La dernière fois c'était dans un bar miteux du vieux Lyon. On dirait que ça t'arrive de plus en plus souvent, ce genre de choses... Il suffit parfois d'une phrase inopportune, d'un souvenir un peu refoulé, d'une chanson chargée d'histoire personnelle pour que la machine se remette en marche. Alors tes milliards de neurones semblent faire comme bon leur semble, puis tu as cette sensation que ta tête prend feu et tu te sens submergé par une vague d'émotions contradictoires et inopinées...
L'espace d'un instant, tout te devient alors insupportable : Les odeurs du fast-food d'en face, la voix de cette fille qui te parle en te caressant la jambe, la lumière dégueulasse de cette enseigne de bar, le gout de ta propre salive, même le contact ordinairement rassurant de ta montre... Tu commences par froncer les sourcils, un peu plus que d'habitude. Puis tes dents vont se mettre à grincer à cause du frottement de ta canine inférieure droite contre ta canine supérieure droite... C'est automatique, pas moyen de t'en empêcher. Lorsque tout te devient alors intenable, que tu es sur le point de renverser la table pour partir en courant, que tu as envie de gifler cette fille qui te colle désormais de trop près... Ta poitrine est brûlante, ton cerveau semble traversé par des pics de glace et tu commences à te demander ce que tu fiches là... Alors tu fuis.
Alors, ça faisait quoi ? Quelques jours ? C'est décidément de plus en plus fréquent ces crises. C'est presque toujours la même chose. Tu vas commencer par verrouiller la porte des cabinets et par te laisser couler contre le panneau de bois. Cet ultime rempart avec la fête qui bat son plein, avec ce semblant de réalité. Te voilà en sécurité. Pour l'instant.
Comme toujours, tu vas essayer de te contenir : Tu vas chercher ton zippo en tremblant pendant un instant avant de te rendre compte qu'il est dans ta main crispée, puis tu vas allumer cette blonde que tu as aux lèvres, toujours aussi fébrile. Tu t'en fous de fumer là où c'est interdit. De toutes façons, il y a peu de choses dont tu ne te fiches pas à cet instant précis. Malgré la fumée et la nicotine, d'ordinaire apaisants, ça ne va pas mieux. Au contraire. Tu trembles de plus en plus et le frottement de tes deux canines se fait plus rapide et plus intense. Ta gencive commence à saigner un peu. Tu as les tripes nouées comme un jokari mal rangé. La nausée qui te terrasse va même jusqu'à te faire t'allonger par terre.
Il faut fermer les yeux.
Tu te lèves enfin, quelques instants plus tard, pour t'approcher du robinet car tu as la bouche pâteuse. Tu n'iras pourtant pas jusque là car tu le verras. Ce drôle de type. Plus vraiment un garçon, pas encore un homme... Ce gars étrange aux cheveux ébouriffés, portant ses lunettes comme un serre-tête. Ce mec un peu miteux qui porte une veste élimée et des vêtements un peu trop larges... C'est bien toi. Alors tu vas plonger ton regard dans ces yeux gris et cernés. Il est vraiment misérable, ce gars. Tu ne trouves pas ? On a envie de lui coller une paire de baffes pour le réveiller. Ses cheveux sont ternes, ses traits tirés. Tu es révulsé à la vue de ce personnage pathétique. Et pourtant, tu es incapable de détacher ton regard de lui... Ton ventre est comme un volcan bouillonnant, et comme à chaque fois, c'est cet instant que tu vas choisir pour te laisser submerger par cette vague d'émotion que tu cherches à repousser depuis une heure.
Qu'est-ce que c'est ? Cette boule de nœuds qui te ravage le ventre, cette marche militaire qui défile sourdement dans ton crâne... Et ces larmes qui s'écrasent sur l'émail blanc du lavabo. As-tu peur ? Es-tu triste ? Es-tu en colère ? Si seulement tu savais... Si seulement tu pouvais expliquer ce mélange beaucoup trop subtil de frustration, de terreur, d'angoisse et de nostalgie qui te dévore de l'intérieur, comme si ton estomac était rempli de produits corrosifs. Comme tu aimerais que l'on te sauve, que l'on puisse te comprendre et t'aider sans que tu aies à parler ou à expliquer tout ça. A quoi bon chercher les origines de ce malaise ? Tu crois que ça a un sens ?
Tous les jours tu traverse cette voie de chemin de fer pour aller au boulot. Et chaque soir, après avoir reçu ta dose d'engueulades, tu regardes les trains passer en massant tes épaules courbatues. Tu y penses tous les jours, sans exception : Ne serait-ce pas plus simple de laisser tomber ? Hélas... Si seulement tu n'étais pas si lâche.
Tu as conscience de ta propre faiblesse, des maux qui habitent ton être, de ton incapacité à faire confiance à qui que ce soit, de te lier durablement, de te projeter ne serait-ce que quelques mois avant... Tu as conscience de ton impuissance face à tout ça. Et ça aussi ça te ronge, n'est-ce pas ?
Alors que tu cherches à retenir tes sanglots, tu te passes une rasade d'eau sur le visage. Tu rallumes ta cigarette en tremblant. Il faut que tu reprennes le contrôle, n'est-ce pas ? Tu poses ton front brûlant contre le mur glacé. Tu as, l'espace d'une seconde, la sensation que tout s'est apaisé. Il est temps de sortir, retrouver cette fille et les autres membres de votre groupe... Puis tu croises encore ce regard de chien battu dans le reflet de ce type... Et brusquement, toutes les vannes que tu viens de fermer semblent se rouvrir, comme un grand incendie reprenant soudain. Tu as le vertige, comme si tu tombais dans le vide. Ta cigarette s'écrase au sol, balançant quelques étincelles... Ta tête semble sur le point d'imploser. Alors. Tu déploies ton bras gauche, arme ton coude et projette ta main en avant, la serrant pile au moment de l'impact. Des éclats de miroir brisés s'éparpillent sur le sol et quelques gouttes de sang s'étalent sur le mur adjacent.
En sortant, tu soupires et dépose un billet sur le comptoir. Personne n'a rien remarqué. Alors tu t'en vas, sans un bruit.
- Feu Follet:
Le texte (30 minutes d’écriture).
Vous êtes enfermé dans le noir, dans un labyrinthe humide et étroit. L’odeur âcre du renfermé s’infiltre dans vos narines, vous laissant un goût amer dans la bouche. Les autres autour de vous s’agitent, gesticulent dans tous les sens. Vous n’aimez pas cela, ça vous fait peur. Et vous n’avez jamais aimé la peur.
Le regard un peu perdu dans l’immensité de l’endroit, vous partez à la recherche des cris. Peut-être que quelqu’un va pouvoir vous aider à sortir de cet endroit maudit ? Qui sait ?
A chacun de vos pas, des nuages de poussière se soulèvent en rythme, raclant votre gorge et piquant vos pupilles, qui deviennent rapidement rouge sang. C’est un endroit horrible, le genre de lieu que personne ne peut s’imaginer, même dans le plus terrible des cauchemars.
Vous arrivez à peine à articuler à cause de l’anneau qui enserre votre cou, beaucoup trop serré, pour vous permettre de pleinement respirer et de discuter. A mesure que vous vous approchez des voix, une boule apparaît dans votre ventre, un vide énorme et absolue. Etait-ce de l’appréhension qui vous frappe ainsi ?
Une voix de femme attire vos sens : l’odeur de sa peau fraîche et l’éclat musical de ses paroles vous enchantent. Vous l’apercevez dans un éclat furtif de torche. Tout chez elle semble être d’une beauté unique, surnaturelle. Mais ses jambes puissantes l’emmènent si loin, si loin de vous.
Pourtant, maintenant si proche d’elle que vous pourriez l’effleurer, elle ne se retourne aucunement, ne sent pas votre imposante présence. Son visage vous rappelle des doux souvenirs. Votre mère ? Cette femme ressemble à votre mère ! Etait-t-elle une nymphe ? Un esprit défunt de votre sublime génitrice ? De toutes les manières, tous chez elle renvoyait à cette image rassurante, à votre seul souvenir de bonheur.
Elle rejoint alors les autres, les hommes et les femmes de son peuple, qui, apeuré, s’emportent et frappent les airs dans tous les sens. Les torches sont éteintes au milieu d’eux, mais encore chaudes. Ainsi en cercle, ils pensent peut-être pouvoir affronter facilement la bête. Mais la bête n’est pas aussi facile à vaincre, oh non.
En faisant votre apparition, avec vos habits sales et votre démarche étrange, ils vous regardent avec de grands yeux. On peut y lire de l’incompréhension, mais aussi, dans une certaine mesure, de l’espoir. Ils vous parlent, vous l’entendez, mais vous ne comprenez pas de quoi il en ressort. Cette langue n’est pas la vôtre. Vous tentez de répondre, d’expliquer comment ne pas réveiller le monstre. Qu’il n’était pas si dangereux.
Mais ça ne fonctionne pas, il n’y a qu’un râle effrayant qui sort de vos lèvres meurtries. Les mots s’enchaînent et se mélangent, se fracassent contre les autres et ne forment qu’une seule et même bouillie.
Les autres tendent les armes vers vous, hurlent des choses probablement obscènes à votre encontre, recommencent leur manège de coups et de larmes. Reculant pour éviter ces assauts en furie, vous heurtez malencontreusement un obstacle, qui, vous fait chuter de tout votre long sur le sol abrupt.
Pourquoi ces gens ne vous comprenez pas ? Pourtant, ils vous ressemblaient, non ? Pourquoi avait-il alors si peur de vous ? Vous qui n’êtes pourtant pas plus dangereux qu’un insecte, pas plus sournois qu’un renard ou qu’un corbeau !
Un écho de souffrance et des spasmes parcourent alors votre corps. Une lame, plantée habilement par un maître des armes, gît dans votre maigre torse. Du sang aux reflets noirs s’écoule de la plaie, coule sur le sol et répand une flaque d’encre. Vos yeux vous piquent, vous ne voyez plus que du rouge. Le rouge de la colère.
Dernière édition par Athos le Sam 15 Avr - 16:48, édité 3 fois |
| | |
Feu Follet
Aussi lumineux qu'une lampe de chevet
Age : 26 Messages : 150 Localisation : Dans les étoiles avec mon capitaine, Barbe Douce, à la recherche de pirates à arrêter. Date d'inscription : 26/06/2016
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne Sam 15 Avr - 13:04 | |
| Ahah, mon style préféré d'écriture. Tu ne sais pas comment tu me fais plaisir avec un sujet comme ça !
Pour le coup, j'ai pas mal de textes que je pourrai partager pour animer cette section, mais pourquoi ne pas commencer avec un des plus récents et un des plus révélateurs de mon écriture maintenant ? Ce petit récit doit dater de quelques mois, et là aussi, il avait pour contexte mon projet avec mes camarades de cours.
Ce sujet a été proposé par une de mes ouailles, que j'ai ensuite remanié pour les soins de mon atelier :
Pour cet exercice, vous allez devoir réecrire une histoire mythique ou une légende, ou en créer une, en tentant de modifier des éléments principaux de l’histoire, tout en laissant pour autant, la trame scénaristique inchangée.
C’est une mini-histoire qui prend pour thème le mythe du Minotaure et l’aventure de Thésée.
- Le texte:
Le texte (30 minutes d’écriture).
Vous êtes enfermé dans le noir, dans un labyrinthe humide et étroit. L’odeur âcre du renfermé s’infiltre dans vos narines, vous laissant un goût amer dans la bouche. Les autres autour de vous s’agitent, gesticulent dans tous les sens. Vous n’aimez pas cela, ça vous fait peur. Et vous n’avez jamais aimé la peur.
Le regard un peu perdu dans l’immensité de l’endroit, vous partez à la recherche des cris. Peut-être que quelqu’un va pouvoir vous aider à sortir de cet endroit maudit ? Qui sait ?
A chacun de vos pas, des nuages de poussière se soulèvent en rythme, raclant votre gorge et piquant vos pupilles, qui deviennent rapidement rouge sang. C’est un endroit horrible, le genre de lieu que personne ne peut s’imaginer, même dans le plus terrible des cauchemars.
Vous arrivez à peine à articuler à cause de l’anneau qui enserre votre cou, beaucoup trop serré, pour vous permettre de pleinement respirer et de discuter. A mesure que vous vous approchez des voix, une boule apparaît dans votre ventre, un vide énorme et absolue. Etait-ce de l’appréhension qui vous frappe ainsi ?
Une voix de femme attire vos sens : l’odeur de sa peau fraîche et l’éclat musical de ses paroles vous enchantent. Vous l’apercevez dans un éclat furtif de torche. Tout chez elle semble être d’une beauté unique, surnaturelle. Mais ses jambes puissantes l’emmènent si loin, si loin de vous.
Pourtant, maintenant si proche d’elle que vous pourriez l’effleurer, elle ne se retourne aucunement, ne sent pas votre imposante présence. Son visage vous rappelle des doux souvenirs. Votre mère ? Cette femme ressemble à votre mère ! Etait-t-elle une nymphe ? Un esprit défunt de votre sublime génitrice ? De toutes les manières, tous chez elle renvoyait à cette image rassurante, à votre seul souvenir de bonheur.
Elle rejoint alors les autres, les hommes et les femmes de son peuple, qui, apeuré, s’emportent et frappent les airs dans tous les sens. Les torches sont éteintes au milieu d’eux, mais encore chaudes. Ainsi en cercle, ils pensent peut-être pouvoir affronter facilement la bête. Mais la bête n’est pas aussi facile à vaincre, oh non.
En faisant votre apparition, avec vos habits sales et votre démarche étrange, ils vous regardent avec de grands yeux. On peut y lire de l’incompréhension, mais aussi, dans une certaine mesure, de l’espoir. Ils vous parlent, vous l’entendez, mais vous ne comprenez pas de quoi il en ressort. Cette langue n’est pas la vôtre. Vous tentez de répondre, d’expliquer comment ne pas réveiller le monstre. Qu’il n’était pas si dangereux.
Mais ça ne fonctionne pas, il n’y a qu’un râle effrayant qui sort de vos lèvres meurtries. Les mots s’enchaînent et se mélangent, se fracassent contre les autres et ne forment qu’une seule et même bouillie.
Les autres tendent les armes vers vous, hurlent des choses probablement obscènes à votre encontre, recommencent leur manège de coups et de larmes. Reculant pour éviter ces assauts en furie, vous heurtez malencontreusement un obstacle, qui, vous fait chuter de tout votre long sur le sol abrupt.
Pourquoi ces gens ne vous comprenez pas ? Pourtant, ils vous ressemblaient, non ? Pourquoi avait-il alors si peur de vous ? Vous qui n’êtes pourtant pas plus dangereux qu’un insecte, pas plus sournois qu’un renard ou qu’un corbeau !
Un écho de souffrance et des spasmes parcourent alors votre corps. Une lame, plantée habilement par un maître des armes, gît dans votre maigre torse. Du sang aux reflets noirs s’écoule de la plaie, coule sur le sol et répand une flaque d’encre. Vos yeux vous piquent, vous ne voyez plus que du rouge. Le rouge de la colère.
Bien entendu, j’ai laissé le texte identique, c’est la première version que vous avez sous les yeux. Pour une bonne raison: je n’avais pas envie qu’on puisse croire que je pouvais mieux faire en si peu de temps, voilà mon niveau, comme il l’est réellement. Pas besoin de se cacher, de camoufler mes lacunes en grammaire et en orthographe. De rectifier les problèmes de cohérence, de rajouter des passages pour que la chute soit plus évidente (Parce que oui, après ma lecture auprès de mes camarades, il est apparu que ce que je voulais faire de la fin de mon histoire n’était pas le plus visible, qu’il était difficile de comprendre ce que je tentais de faire avec si peu d’éléments. Il manque des choses pour que ce soit définitivement complet !).
PS : Bon, j'avoue, je me suis pas fait chier. C'est un bout d'un de mes articles qui sort droit de mon blog, mais vu que c'est de moi, j'ai le droit ! Na ! |
| | |
Athos
Majici1 dé flam
Age : 27 Messages : 242 Localisation : Rennes (des neiges mdr) Date d'inscription : 10/04/2017
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne Sam 15 Avr - 13:20 | |
| Tu m'autorises à être chiant trois minutes ? HOP ! Voilà. - Feu Follet a écrit:
- Vous êtes enfermé dans le noir, dans un labyrinthe humide et étroit. L’odeur âcre du renfermé s’infiltre dans vos narines, vous laissant un goût amer dans la bouche. Les autres autour de vous s’agitent, gesticulent dans tous les sens. Vous n’aimez pas cela, ça vous fait peur. Et vous n’avez jamais aimé la peur.
Il y a des petites répétitions et c'est dommageuh ! Tu peux varier tranquillou - Feu Follet a écrit:
- Le regard un peu perdu dans l’immensité de l’endroit, vous partez à la recherche des cris.
Heu... lesquels ? Tu aurais pu les introduire, non ? - Feu Follet a écrit:
- Ainsi en cercle, ils pensent peut-être pouvoir affronter facilement la bête. Mais la bête n’est pas aussi facile à vaincre, oh non.
MAIS IL CONTINUE LE PETIT FILOU ! Bon, hors ça j'aime beaucoup, t'as clairement du talent pour installer une ambiance et tes descriptions sont très très bonnes. C'est parfois un peu maladroit au niveau du vocabulaire mais c'est normal, tu me diras : malhabiles, on l'est tous. Du coup l'atelier il est très réussi, ton texte répond totalement à ce que j'espérais voir (la longueur est tip-top d'ailleurs, pas trop long, pas trop court !) Ta version de l'histoire est chouette en plus ! C'est vrai que j'ai eu du mal à comprendre où tu voulais en venir et que j'aurais du te demander de m'expliquer si je n'avais pas su que tu travaillais autour du mythe du Minotaure ! Merci pour ta participation, on voit que tu connais le sujet ! |
| | |
Athos
Majici1 dé flam
Age : 27 Messages : 242 Localisation : Rennes (des neiges mdr) Date d'inscription : 10/04/2017
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne Sam 15 Avr - 16:47 | |
| Oui c'est la triche, tartiflette ! Allez, moi aussi je vous pose un petit texte pour voir ce que ça donne - Vertiges:
On prend les mêmes et on recommence... C'est ça ? Te voici, une fois de plus cloitré dans des WC publics, ceux qui sont vers l'hôtel de ville. La dernière fois c'était dans un bar miteux du vieux Lyon. On dirait que ça t'arrive de plus en plus souvent, ce genre de choses... Il suffit parfois d'une phrase inopportune, d'un souvenir un peu refoulé, d'une chanson chargée d'histoire personnelle pour que la machine se remette en marche. Alors tes milliards de neurones semblent faire comme bon leur semble, puis tu as cette sensation que ta tête prend feu et tu te sens submergé par une vague d'émotions contradictoires et inopinées...
L'espace d'un instant, tout te devient alors insupportable : Les odeurs du fast-food d'en face, la voix de cette fille qui te parle en te caressant la jambe, la lumière dégueulasse de cette enseigne de bar, le gout de ta propre salive, même le contact ordinairement rassurant de ta montre... Tu commences par froncer les sourcils, un peu plus que d'habitude. Puis tes dents vont se mettre à grincer à cause du frottement de ta canine inférieure droite contre ta canine supérieure droite... C'est automatique, pas moyen de t'en empêcher. Lorsque tout te devient alors intenable, que tu es sur le point de renverser la table pour partir en courant, que tu as envie de gifler cette fille qui te colle désormais de trop près... Ta poitrine est brûlante, ton cerveau semble traversé par des pics de glace et tu commences à te demander ce que tu fiches là... Alors tu fuis.
Alors, ça faisait quoi ? Quelques jours ? C'est décidément de plus en plus fréquent ces crises. C'est presque toujours la même chose. Tu vas commencer par verrouiller la porte des cabinets et par te laisser couler contre le panneau de bois. Cet ultime rempart avec la fête qui bat son plein, avec ce semblant de réalité. Te voilà en sécurité. Pour l'instant.
Comme toujours, tu vas essayer de te contenir : Tu vas chercher ton zippo en tremblant pendant un instant avant de te rendre compte qu'il est dans ta main crispée, puis tu vas allumer cette blonde que tu as aux lèvres, toujours aussi fébrile. Tu t'en fous de fumer là où c'est interdit. De toutes façons, il y a peu de choses dont tu ne te fiches pas à cet instant précis. Malgré la fumée et la nicotine, d'ordinaire apaisants, ça ne va pas mieux. Au contraire. Tu trembles de plus en plus et le frottement de tes deux canines se fait plus rapide et plus intense. Ta gencive commence à saigner un peu. Tu as les tripes nouées comme un jokari mal rangé. La nausée qui te terrasse va même jusqu'à te faire t'allonger par terre.
Il faut fermer les yeux.
Tu te lèves enfin, quelques instants plus tard, pour t'approcher du robinet car tu as la bouche pâteuse. Tu n'iras pourtant pas jusque là car tu le verras. Ce drôle de type. Plus vraiment un garçon, pas encore un homme... Ce gars étrange aux cheveux ébouriffés, portant ses lunettes comme un serre-tête. Ce mec un peu miteux qui porte une veste élimée et des vêtements un peu trop larges... C'est bien toi. Alors tu vas plonger ton regard dans ces yeux gris et cernés. Il est vraiment misérable, ce gars. Tu ne trouves pas ? On a envie de lui coller une paire de baffes pour le réveiller. Ses cheveux sont ternes, ses traits tirés. Tu es révulsé à la vue de ce personnage pathétique. Et pourtant, tu es incapable de détacher ton regard de lui... Ton ventre est comme un volcan bouillonnant, et comme à chaque fois, c'est cet instant que tu vas choisir pour te laisser submerger par cette vague d'émotion que tu cherches à repousser depuis une heure.
Qu'est-ce que c'est ? Cette boule de nœuds qui te ravage le ventre, cette marche militaire qui défile sourdement dans ton crâne... Et ces larmes qui s'écrasent sur l'émail blanc du lavabo. As-tu peur ? Es-tu triste ? Es-tu en colère ? Si seulement tu savais... Si seulement tu pouvais expliquer ce mélange beaucoup trop subtil de frustration, de terreur, d'angoisse et de nostalgie qui te dévore de l'intérieur, comme si ton estomac était rempli de produits corrosifs. Comme tu aimerais que l'on te sauve, que l'on puisse te comprendre et t'aider sans que tu aies à parler ou à expliquer tout ça. A quoi bon chercher les origines de ce malaise ? Tu crois que ça a un sens ?
Tous les jours tu traverse cette voie de chemin de fer pour aller au boulot. Et chaque soir, après avoir reçu ta dose d'engueulades, tu regardes les trains passer en massant tes épaules courbatues. Tu y penses tous les jours, sans exception : Ne serait-ce pas plus simple de laisser tomber ? Hélas... Si seulement tu n'étais pas si lâche.
Tu as conscience de ta propre faiblesse, des maux qui habitent ton être, de ton incapacité à faire confiance à qui que ce soit, de te lier durablement, de te projeter ne serait-ce que quelques mois avant... Tu as conscience de ton impuissance face à tout ça. Et ça aussi ça te ronge, n'est-ce pas ?
Alors que tu cherches à retenir tes sanglots, tu te passes une rasade d'eau sur le visage. Tu rallumes ta cigarette en tremblant. Il faut que tu reprennes le contrôle, n'est-ce pas ? Tu poses ton front brûlant contre le mur glacé. Tu as, l'espace d'une seconde, la sensation que tout s'est apaisé. Il est temps de sortir, retrouver cette fille et les autres membres de votre groupe... Puis tu croises encore ce regard de chien battu dans le reflet de ce type... Et brusquement, toutes les vannes que tu viens de fermer semblent se rouvrir, comme un grand incendie reprenant soudain. Tu as le vertige, comme si tu tombais dans le vide. Ta cigarette s'écrase au sol, balançant quelques étincelles... Ta tête semble sur le point d'imploser. Alors. Tu déploies ton bras gauche, arme ton coude et projette ta main en avant, la serrant pile au moment de l'impact. Des éclats de miroir brisés s'éparpillent sur le sol et quelques gouttes de sang s'étalent sur le mur adjacent.
En sortant, tu soupires et dépose un billet sur le comptoir. Personne n'a rien remarqué. Alors tu t'en vas, sans un bruit.
|
| | |
Haedrich
Owonite chevronné
Age : 39 Messages : 64 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 15/04/2017
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne Lun 17 Avr - 15:50 | |
| Intéressant, comme défi. J'ai une petite idée, je tâche de vous poster ça dans l'aprem ... |
| | |
Haedrich
Owonite chevronné
Age : 39 Messages : 64 Localisation : Bourgogne Date d'inscription : 15/04/2017
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne Lun 17 Avr - 16:24 | |
| Voici mon texte. Je l'ai sobrement intitulé "Démons". J'espère qu'il vous plaira: - Démons:
Démons Ça devait finir comme ça. Tu le savais depuis longtemps. Tu n'étais pas fait pour ce monde. Allons, décide-toi, ce n'est qu'une question de minutes. Tu y es presque, pourquoi hésiter? Si tu y réfléchis bien, qu'est ce que tout cela t'a apporté? Les autres, tu n'as jamais su les comprendre, tu le sais. C'est comme ça depuis le début, Clément! Tu as toujours été en décalage, avec ta famille, avec tes rares amis... et les femmes, j'en parle même pas. Non, vraiment, c'est la meilleure solution que je te propose. Tu dis rien? Comme d'habitude... Tu n'as jamais su t'exprimer, car cette vie, au final, reconnais-le, ne t'a jamais intéressé. Tu te rappelles, l'école? C'était affreux, hein, les moqueries, sans cesse. Tu pensais que ça finirait bien un jour, que ça irait mieux. A la fac, ç'a été mieux, mais ça n'a pas duré. Tu n'avais pas ou peu de relations , hein, toujours cette peur de l'autre, mais tu t'en rendais pas compte. Et c'est pour ça que tes amis sont partis. Oh, ils ont bien essayé de te faire comprendre, remarque, mais toi t'as pas compris. Tu leur en as voulu, au final. Parce que tu voyais pas... tu aimais bien en fait cette vie tranquille, pénard. Dans ta bulle, quoi, mais tu as réalisé trop tard qu'on ne peut pas vivre sans les autres. Tu vois, je te connais mieux que personne. Et ça fait mal, hein, avec le recul, de se rendre compte trop tard qu'on est passé à côté de la vie. Toujours le même cycle sans fin d'espoirs déçus et de malheurs. Mais ça ne fait rien, tu vaux mieux que ça. Tu as bien tenté de reprendre les choses en main, c'est vers 25-26 ans que tu as enfin compris. Avec les autres, c'était mieux, mais encore compliqué. Avec les filles, ça n'a jamais marché. Il y avait toujours ce petit truc, imperceptible mais bien présent, qui faisait de toi un pestiféré. Tu as fais des efforts, pourtant, tu y as même cru, avec l'une, puis l'autre. Mais là encore, tu n'avais pas les cartes en main. C'était déjà trop tard. Tu as mis le doigt sur ta différence, mais n'as pas pu t'en sortir parce que tu ne savais pas comment faire; et maintenant, à presque quarante berges, il n'y a plus d'espoir, hein? On ne rattrape pas tout ce temps perdu, c'est trop tard, tu ne sais pas faire. Remarque, je ne t'en veux pas, ce n'est pas ta faute, tu es né comme ça et malgré tout ce que tu auras pu faire pour changer les choses, le destin demeure inexorable et l'on n'échappe pas à ce que l'on est profondément, intimement, et toi tu avais ça au fond, un gène pertubarteur, qui a provoqué cette différence invisible aux yeux de tous les autres, invisible à tes propres yeux, du moins au début. Tout ça t'a fait peur, puis l'espoir est revenu, pour un temps. Tu espérais changer les choses, mais, je le répète, tu ne peux pas changer ce que tu es. Allons, viens avec moi, je suis venu de loin pour t'aider. Ce monde pour toi n'existe plus, tout s'est irrémédiablement effondré le jour où tu as compris qu'il n'y avait aucune échappatoire. Ce monde n'existe plus, ces autres, ils ne veulent pas de toi. Ici tu seras bien, avec moi. Sens, sens la chaleur, on est bien ici. Les différences n'existent pas. Sens la chaleur, comme les flammes d'un bon feu de cheminée, tu aimes bien les feux de cheminée. Désormais, je suis ton seul ami, le seul qui te comprend, le seul qui ait jamais pu te comprendre, mieux que toi-même. Allons, encore un petit effort, là, c'est bien, Clément. N'oublie pas que je suis ton seul espoir, à présent. Oui, là, comme ça, cale-le bien contre la tempe. Prends une grande inspiration, oublie tout, Clément, oublie ce monde de misère, un dernier effort et tout ira bien. Là, voilà, c'était pas difficile. Tu n'as rien senti, hein? Approche-toi de moi, maintenant. Prends ma main. Tu sens la chaleur, Clément, tu sens les flammes? Viens, approche-toi et profite de ce monde nouveau qui t'est offert. Te voilà délivré, à présent. Sens la chaleur, sens la chaleur, sens la chaleur... FIN ?
|
| | |
Athos
Majici1 dé flam
Age : 27 Messages : 242 Localisation : Rennes (des neiges mdr) Date d'inscription : 10/04/2017
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne Jeu 20 Avr - 21:44 | |
| Hey ! Je sais pas si c'est relatif à un c/c depuis un document texte mais la mise en page est totalement absente.
M'enfin hors ça j'ai bien aimé ton texte l'ami ! On y retrouve un peu de cette ambiance malaisante que j'aime. Dès que t'auras refaite ta mizenpaj je l'ajouterais au post principal ! |
| | |
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Texte à la seconde personne | |
| |
| | | | Texte à la seconde personne | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|