Salut !
Aujourd'hui je vais me transformer en prof de français de 5e pour vous faire une petite méthodologie sur l'écriture d'un texte poétique *cris d'enfants joyeux*
Dans un premier temps, on ca se concentrer sur la forme du texte. On parlera du contenu plus tard. Je vais essayer d'être bref (histoire que vous lisiez jusqu'au bout par exemple)
LES DIFFÉRENTS TYPES DE POÉSIELa poésie classiqueBam ! Allez, prenez ça dans la gueule, on va commencer par la poésie classique, soit : en vers !
C'est la forme la plus
pénible technique parce que la plus codifiée. On trouve plusieurs degrés de codifications qui réunissent un ou plusieurs paramètres
de métrique, de scansion, de rimes, etc...
(C'est d'ailleurs pour ça que je la déteste)
Passons les en revue :
- La métrique implique qu'on compte le nombre de syllabes de chaque vers, allant de 1 à 12. Ça sert principalement à donner du rythme et une mélodie au texte et surtout à éviter que des petits farceurs nous sortent des vers trop longs. Donc traditionnellement on se limite à l'alexandrin, on observe parfois des "alexandrins + 1" et cette petite pirouette est globalement tolérée, mais ça reste assez rare.
Exemple d'alexandrin :
- Victor Hugo a écrit:
- Je prendrai par la main les deux petits enfants -
Marc Dutroux
Voilà, Vivi il nous écrivait de purs alexandrins (qui sont, d'après la légende, les vers les plus difficiles à dompter), prenez en de la graine !
- La scansion on va la sauter parce que ça s'applique quasi-exclusivement à la poésie en latin et en grec et... Vous pouvez en écrire tant que vous voudrez, vous serez les seuls à piger ce que vous racontez.
M'enfin si vous êtes intéressés, Google est votre ami.
- Les rimes c'est pas difficile à comprendre mais ça l'est à maîtriser. Il y a pleins de manières de faire rimer deux vers et on tranquillement y jeter un œil.
Les rimes "basiques" se divisent en trois qualités, les
rimes pauvres, les
rimes suffisantes et les
rimes riches (comme Bruce Wayne).
On entend connement par là qu'il y a une hiérarchie (compréhensible) dans la manière dont un texte rime. Démonstration :
- Un mec naze a écrit:
- Ce soir, j'ai les pieds gelés
J'ai hâte de me les réchauffer
On observe que la rime ne s'opère que sur le phonème "é"
- Un type moins mauvais a écrit:
- Mais ce qu'avait perdu Jean-Louis
Ce n'était pas la vue, mais bien l'ouïe
Bon, z'avez compris où je veux en venir ? Cet exemple fait rimer le phonème "oui", ce qui déjà mieux. Mais on peut faire encore des efforts !
- Un mec pas mauvais du tout a écrit:
- La foule, en deux se scinda, laissant place au roi fantasque.
Le monarque salua, remercia et enfila son masque
Bon ça va ? Pas besoin d'un dessin, non plus ? Vous avez à présent tout ce qu'il faut pour écrire des rimes correctes ! A vos claviers... enfin après, il nous reste encore quelques petites choses à voir !
On va rester dans les rimes encore quelques lignes, histoire qu'on parle un peu des types de rimes ! (Ouais, encore des règles !)
Basiquement, on tendra vers la rime "plate" ou suivie qui fonctionne selon le schéma
AABBExemple (en rimes pauvres parce que prout) :
- Ton frère a écrit:
- Vas-y Marcel, fais péter les biscuits
On va s'en bouffer toute la nuit
Et même jusqu'au matin, se faire péter le bidon
Franchement, les BN c'est trop bon
En soi il n'y a pas de critère qualitatif quand au type de rimes que vous utilisez, mais sachez qu'il est possible d'effectuer des rimes croisée ABAB ou embrassées ABBA.
L'intérêt de la chose c'est de vous permettre une certaine souplesse dans l'écriture et de ne pas vous empêcher d'utiliser un mot plutôt qu'un autre parce qu'il vous bloque sur le vers suivant.
Donc profitez bien de ces petites libertés !
La suite ? Bientôt ! ON EN A PAS ENCORE FINI AVEC LA POÉSIE CLASSIQUE
ALLEZ, RESTEZ ENCORE UN PEU
ON FINIT PAS Y PRENDRE GOUT
AU BOUT DE QUELQUES ANNÉES
Non promis je la fait courte !
Il faut simplement que je vous parle un peu des formes poétiques fixes. Y'en a PLEINS ! Mais on va survoler les plus connues et les plus fréquentes.
Le sonnet : Deux quatrains en rimes embrassées (4 vers) et deux tercets (3 vers). BAM. Comme ça.
C'est un forme poétique fixe parmi les plus populaires dans la poésie classique, je vous passe Les Cheveux d'Or de Joachim du Bellay en exemple.
- Jojo du Bellay a écrit:
- Les Cheveux d'or
Ces cheveux d'or sont les liens, Madame,
Dont fut premier ma liberté surprise
Amour la flamme autour du coeur éprise,
Ces yeux le trait qui me transperce l'âme.
Forts sont les noeuds, âpre et vive la flamme,
Le coup de main à tirer bien apprise,
Et toutefois j'aime, j'adore et prise
Ce qui m'étreint, qui me brûle et entame.
Pour briser donc, pour éteindre et guérir
Ce dur lien, cette ardeur, cette plaie,
Je ne quiers fer, liqueur, ni médecine :
L'heur et plaisir que ce m'est de périr
De telle main ne permet que j'essaie
Glaive tranchant, ni froideur, ni racine.
Voilà, c'est un super exemple, en plus j'ai été cool, je vous ai colorié les rimes. Vous voyez l'idée, ça me parait clair.
Le sonnet est un excellent entrainement si vous n'avez pas encore essayé, mettez-y vous un peu, vous verrez, c'est cool !
(NON)
L'astuce de pro : la diérèse et la synérèse !C'est cadeau, je vous apprend à tricher.
Imaginons la situation suivante, vous avez écrit un alexandrin et en recomptant vos pieds (parce qu'il faut le faire, hein !) vous vous rendez compte qu'il est trop long ou trop court ! Enfer et damnation ! Faut-il donc tout recommencer ?
NON.
Athos a la solution (il l'a volée à sa prof de littérature en seconde d'ailleurs)
Selon qu'on prononce en diérèse ou un synérèse, on peut s'arranger de pas mal de manières. Mais ça implique une diphtongue dans la phrase.
Une diphtongue, donc, c'est une sorte de double voyelle (si vous voulez une explication de pro, Wikipédia est à trois clics d'ici). En fait c'est... ça :
LIAISON.
On distingue deux phonèmes qui n'en font plus qu'un seul, n'est-ce pas ?
La diérèse implique de prononcer distinctement chacun de ces phonèmes : LI-AISON, en accentuant sur le "LI".
Cette petite pirouette va dans l'autre sens aussi et ça s'appelle la synérèse. On peut prononcer une diphtongue d'un seul coup.
En somme on a LI-AISON (3 syllabes)
et LIAISON (2 syllabes)
Merci qui ? Merci Jackie et... Non. Merci Athos.
La poésie en vers libresYES ! Fin de la poésie classique, passons à la poésie moderne.
C'est le genre que j'utilisais le plus dans mes années lycée (quand j'étais un ado rebelle qui crachait sa rage en poésie #truestory)
Globalement c'est archi-simple : c'est de la poésie en vers qui s'affranchit pas mal des règles nazes de la poésie classique mais qui requière de maitriser quelques autre outils.
On arrête de compter les pieds des vers, on ne se pose plus de question relative au respect de la forme et très souvent, on se permet des rimes pauvres.
En fait tout est dans la sonorité et le rythme. Il y a moins de règles pré-établies et il faut trouver votre propre style en fait. Est-ce que vous avez une meilleure affinité pour les vers longs ? Pour les vers courts ? Vous privilégiez un rythme dense ou au contraire plus lent ?
Toutes ces questions elles n'ont pas de bonne ou de mauvaise réponse. La réponse variera en fonction de ce que vous voudrez écrire.
Si vous cherchez à retranscrire le calme plat d'un après midi d'été, optez pour des descriptions aussi lancinantes que le chant des grillons à l'ombre d'un poirier.
Mais si vous voulez décrire la fureur d'un cœur qui s'emballe, alors insistez sur la ponctuation, les virgules, des descriptions brèves et saccadées, rythmées par les battements de ce cœur affolé.
Voilà pour ce qui est de la rythmique, si il vous faut plus d'exemples (parce que là j'ai choisi deux extrêmes, un peu basiques en plus !) je me ferais un plaisir d'approfondir ce sujet ! N'hésitez pas !
Le plus important, à présent, c'est ce qu'on appelle l'harmonie sonore.
Lorsque vous parlez, il n'y a pas réellement de lien entre le sens de ce que vous dites et les sonorités qui sortent de vos lèvres délicates.
Dans la poésie : si.
L'idée est que les sonorités doivent avoir un sens, pas toutes, bien sur, mais il faut qu'elles produisent un sens général.
Voici quelques exemples
- Zippo a écrit:
- Se vidant chaque jour de leurs sangs et leurs sèves
Et puis la pluie, le vent, le va-et-vient des vagues
Viendront mettre un point final à cette vaste blague
La pluie, le vent, le va-et-vient des vagues
--> Okay, c'est touffu. Ici c'est simple et très efficace. Zippo parle de la fin de l'humanité dans sa chanson "Des Singes dans la Tour Eiffel" (je vous le recommande vraiment d'ailleurs !).
Qui plus est, la sonorité "
V" renforce l'aspect moteur, on imagine très bien le son des vagues "
vvvvvoush...
vvvvvoush" et l'utilisation de l'expression "
va-et-vient" est très bien choisie pour exprimer cette mouvance.
- Victor Hugo a écrit:
- Le roulement des chars, le sifflement des balles.
--> Le son "F" de "sifflement" fait écho à ce son très particulier que font les balles lorsqu'elles filent.
Bon, je crois que tout le monde a saisi l'idée ! On passe à la suite ?
La prose poétiqueHa ! C'est mon chouchou, lui ! On le doit à Aloysius Bertrand (je le dirais jamais assez mais LISEZ CET HOMME)
J'aime beaucoup parce qu'il n'y a pas vraiment de méthode si ce n'est qu'on peut utiliser encore une fois tout l'atelier "harmonie sonore".
Le truc c'est qu'on a plus à se poser la question des rimes mais qu'il faut vraiment travailler son style au sens pur et dur.
Toutes les astuces de la poésie libre peuvent être recyclées (yay !) et le tout sous une forme encore plus libre, alors c'est le moment de poser tout ce que vous avez et de lui donner la forme que vous voulez !
L'unique piège qu'on peut rencontrer c'est faire l'erreur d'écrire un texte "basique" plus qu'une prose si on ne développe pas assez la dimension poétique.
Alors encore, et toujours, faites péter les figures de style, affutez votre harmonie sonore et travaillez vos images. Vous verrez, c'est facile !
Bien entendu c'est pas hyper poussé, c'est très basique, d'abord parce que je suis pas prof de stylistique mais surtout pour que tout le monde percute, c'est un peu un tuto "tout public", j'en ferais des plus poussés plus tard.