Il fait noir et froid, ici. Je ne vois rien. J'ai beau essayer, mes yeux ne trouvent aucune source de lumière qui me permettrait au moins d'apercevoir quelque chose. Je frôle les murs, ce n'est pas très grand. Combien de temps est-ce que je vais devoir rester ici? Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là. Est-ce le jour, la nuit? J'ai perdu tout mes repères. Je suis debout, il n'y a pas de place pour s'allonger. C'est ça, la Cage? Les autres l'appelaient comme ça. Ils disaient "Quand tu iras dans la Cage, sonnera ta fin". Je vais donc mourir ici? Seul, dans le noir? Affamé, j'ai hurlé tout à l'heure. Mais personne ne m'a entendu. Ou du moins, personne n'es venu.
On m'avais dit de me méfier d'eux, pourtant. Depuis ma naissance, ma mère m'avais mis en garde. Elle me disait que c'était leur faute si je n'avais jamais vu mon père. Mais j'étais jeune, à l'époque, je ne me rendais pas compte.
La première fois que j'ai eu peur, c'est quand il m'ont attrapé avec des grandes cordes qui me serraient la gorge. Je m'étais débattu de mieux que je pouvais, mais ils étaient trop nombreux et je suis tombé. Ils se sont exprimés dans un langage que je ne connaissais pas, mais à l'intonation, je reconnaissais la joie. Il m'ont tapoté doucement le dos ensuite, puis ils m'ont nourrit. Je ne savais pas pourquoi, mais ils étaient fiers de moi.  Ils ont été gentils, après les cordes. J'avais de la nourriture et de l'eau, et beaucoup de place pour courir. Peut-être que, finalement, ils avaient juste voulut voir jusqu'à quel point j'étais fort, et j'avais réussi le test. J'étais si content de moi-même.
C'est pour ça que je les ai suivis. Dans cette boîte qui m'a transporté jusqu'ici. Je les ai suivis parce que je leur faisais confiance. Après tout, il ne m'ont jamais abandonné trop longtemps.
Mais là, c'est différent. Ils ne reviennent pas, et je sens que cela fait un bout de temps qu'ils sont partis. Je garde espoir. Ils vont peut-être se rendre compte que je ne suis plus là et vont revenir me chercher ! Ils remarqueront ma disparition, j'en suis sûr. Et ils me ramèneront brouter de l'herbe fraîche et courir autant que je veux. Ils me passeront un peu de cordes, mais c'est juste pour jouer. Après, ce sera finit.

Je sens bien qu'il y a des gens, mais pas ceux que je connaît. Il y a beaucoup de monde, dehors. Je les entends s'agiter. Plus ça va, plus il y a de bruit. Il y en a qui commence à chanter. Puis d'autres les rejoignent, et encore d'autres. C'est une fête ! Je veux voir ! Je commence à m'agiter aussi. Pourquoi je ne peux pas y participer ?
Il y a un bruit. Je le connaît, ce bruit. Un bruit de verrou. Une porte qui s'ouvre, de la lumière, c'est pour moi ! Sans réfléchir, je fonce droit devant. Je vais enfin pouvoir jouer !
Mais il y a des barrière. Je les vois, les humains. Il y en a des vieux et des très jeunes. Mais ils sont loin. Moi, je suis sur une grand place vide. Je dois faire le spectacle ? Ces gens viennent pour me voir ?
Il y a un humains qui s'avance. Il est habillé de beaucoup de couleurs. Il agite un drap. Je sais. Il me fais jouer. J'ai déjà vu ça. Je me prends au jeu. Je dois juste lui courir après. Il m'évite, mais c'est normal. C'est pour que le jeu dure plus longtemps. Je cours, je fonce, les gens crient. Ils applaudissent. Ils sont heureux. J'aime rendre les autres heureux.
Bon, je commence à fatiguer. Je peux y aller maintenant ? Je ne trouve pas d'issue en regardant autour de moi. Ils ont même refermé la porte par laquelle je suis entré ici. Pourquoi suis-je enfermé dans ce grand espace ? Est-ce que je vais bientôt manger et retrouver mon pré ? Les jeux ne durent jamais aussi longtemps, d'habitude, j'ai un peu envie d'aller dormir.
L'homme avec son drap part. C'est fini ! Mais non, les gens continue d'applaudir. Ils crient plus fort et scandent tous le même mot, que je ne comprend pas. Arrive alors un autre homme. Celui-ci me fait peur. Il n'a pas l'air gentil. Et puis, qu'est-ce qu'il tiens entre les mains ? Je crois qu'il me menace avec. Il veut qu'on se battent ? Très bien, allons-y. Il a l'air tout seul. Je vais lui montrer qui est le plus fort.
Je fonce. La tête en avant, j'ai confiance en mes cornes. Il m'évite. Il veut jouer encore. Je me suis déjà battu avec mes amis. Le premier qui tombe a perdu. Et après, on fait la course. Peut-être que c'est ça qu'il veut faire.
Mais j'ai mal. Il vient de me frapper. Avec ce qu'il avait dans les mains. Il triche. Il fait couler mon sang.
Ou alors, il ne triche pas. Ce sont des nouvelles règles. Et ce n'est pas un jeu. J'ai été piégé. C'est un combat à mort. Le premier qui tue l'autre, gagne. J'ai été piégé. Je n'ai jamais été préparé à ça.
Il continue. Je faiblit, car il a planté ses pics dans mon coup. On ne m'a jamais appris ça. Je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas comment gagner.
En tombant, je sent le sable chaud. Je me sens bien, cela me rappelle là où je suis né. Peut-être que tout va s'arrêter là. Qu'il aura pitié de moi. Mais il continue, encore et encore. Il ne veut pas s'arrêter. Il crie de joie, et le public cri avec lui.
Les autres avait raison. Quand on va dans la Cage, on sait que c'est la fin. Qu'on ne reverra plus jamais le soleil andalousite. Qu'on ne sentira plus le vent s'engouffrer dans nos pelages pendant que nous jouions dans l'herbe. Je ne reverrais plus mes congénères, mon troupeau. Ni ceux qui m'ont amené ici. Savent-t-ils ce que j'endure ?
Je les entends rire et s'amuser, chanter et danser. Je meure, et il en sont heureux. Je crie, et ils applaudissent.
Je ne peux plus me relever. Je peine à respirer et ma vue se brouille. Je supplie, je prie pour que ça s'arrête. Mais c'est fini pour moi. Je suis trop faible, mon sang s'écoule, je le sens le long de mon cœur. Il s'étale sur le sol pour former une grand flaque rouge. Je ferme les yeux. Il fait bon. Peut-être irais-je courir dans d'autres plaines plus belles, plus grande. Sans humains. Seulement libre. Pour l'éternité.

Et ils continuent à applaudir. Comment peuvent-t-ils être aussi joyeux autour d'une mise à mort. Je ne comprends pas les humains. Je ne les comprends plus. Et pourtant, on m'avais mis en garde, et je n'ai rien écouté. Je n'entends plus que la voix de ma mère, la voix que je n'ai pas écouté, qui me répète :

Les humains sont dangereux. Ne leur fait jamais confiance. Ou tu mourras de leur mains.